Telegram n'est pas une messagerie sécurisée

Depuis l'arrestation du PDG de Telegram ce samedi 24 août, les médias qui en parlent qualifient systématiquement Telegram de “messagerie cryptée”. C'est complètement faux, Telegram n'est pas une messagerie sécurisée. Et c'est un véritable problème que cette désinformation soit ainsi propagée, pour plusieurs raisons.

Telegram est généralement présentée comme une application de messagerie du même type que WhatsApp et Signal, parce qu'elles se ressemblent au niveau de leurs interfaces d'utilisation ainsi qu'en terme de fonctionnalités. Pourtant sous le capot, Telegram est très différente des deux autres. Sur Signal (et a priori WhatsApp), toutes vos discussions sont effectivement sécurisées en étant chiffrées de bout en bout. C'est-à-dire qu'avant de quitter votre appareil vos messages sont chiffrés par l'application et qu'ils ne sont déchiffrés qu'une fois arrivés chez vos interlocuteur·ices, jamais entre temps. C'est le cas que vous utilisiez Signal (ou WhatsApp) depuis votre smartphone ou depuis votre ordinateur. Cela veut dire que, même si votre message doit passer par l'intermédiaire de Signal (ou Meta/Facebook dans le cas de WhatsApp) avant d'être livré à son ou sa destinataire, il ne peut pas être lu par cet intermédiaire, que cet intermédiaire ne peut pas le livrer aux autorités, et qu'une fuite de données de l'intermédiaire (qui se ferait pirater par exemple) ne peut pas compromettre la confidentialité de vos messages (attention toutefois à l'existence des méta-données : qui parle à qui, à quel moment, etc.).

Sur Telegram, le fonctionnement est tout à fait différent. Les messages sont chiffrés oui, mais seulement en transit par défaut : de leur émetteur·ice à Telegram, puis de Telegram à leur destinataire. Mais entre les deux, chez Telegram, les messages ne sont plus chiffrés, ils sont lisibles en clair, par Telegram donc mais aussi par tou·tes celleux qui auraient accès à leur infrastructure, que ce soit légalement ou illégalement (ou “alégalement”, comme on dit concernant les agences de renseignements qui naviguent disons… en zone grise). Le niveau de chiffrement de Telegram est exactement le même que pour les messages privés/directs sur les réseaux sociaux. Si le chiffrement en transit vous suffit à dire d'une messagerie qu'elle est sécurisée, chiffrée, ou encore “cryptée”, alors vous devez qualifier Twitter, Instagram, Snapchat, Discord, Slack, etc. de la même manière, ce qui n'est bien sûr jamais le cas. Il est pourtant clair que pour le grand public, lorsqu'un média parle de “messagerie cryptée”, le niveau de sécurité attendu de cette messagerie n'est pas le même que pour les messages Instagram, qui ne sont jamais qualifiés de la sorte.

Alors certes, il y a la possibilité sur Telegram de créer ce que l'application appelle un “échange secret” qui sera lui bien chiffré de bout en bout… mais avec de nombreux bémols comparés à Signal (ou WhatsApp) :

  • cette fonctionnalité n'est tellement pas mise en avant dans l'interface de Telegram qu'il est fort probable que la grande majorité de ses utilisateur·ices, y compris parmi celleux qui pensent malheureusement utiliser une messagerie sécurisée, ne soient en réalité même pas au courant de son existence ;
  • les échanges secrets Telegram ne sont possibles que pour les discussions directes entre deux personnes : la fonctionnalité n'existe pas du tout pour les groupes, ni les canaux ;
  • les échanges secrets ne sont possibles que sur smartphone Android ou iOS, pas dans les applications Windows, macOS et Linux, ni dans la version web ;
  • il est impossible d'initier un échange secret si les deux contacts ne sont pas en ligne en même temps ;
  • un échange secret est confiné à un seul appareil, il ne sera pas disponible ni synchronisé de son smartphone à son ordinateur ou sa tablette et vice-versa, ni avec son prochain smartphone en cas de changement, contrairement aux discussions Telegram “normales” ;
  • enfin, mais c'est probablement le moins important, le protocole de chiffrement de Telegram a été moins étudié et approuvé par la communauté cryptographiques que celui de Signal.

Dans la capture d'écran ci-dessus on voit deux conversations avec la même personne, Léa, sur mon application Telegram. La première est un échange secret, signalé par le cadenas et la couleur verte, la seconde est une discussion “normale”. Je pourrais vouloir toujours discuter avec Léa dans la discussion sécurisée et même supprimer la conversation non-sécurisée pour être sûr de ne pas faire l'erreur de parler au mauvais endroit lorsque l'on fomentera pour organiser la révolution, mais c'est en pratique impossible ou a minima trop peu pratique pour qu'on en ait vraiment envie : dès que l'un·e de nous deux est sur son ordinateur plutôt que son smartphone la conversation sécurisée est inutilisable, si l'un·e de nous deux doit changer de smartphone les échanges de la discussion sécurisée sont perdus, etc. Ne vous inquiétez pas pour la révolution, Léa et moi discutons en réalité sur Signal, ces deux conversations ne sont qu'une démo faite ce dimanche (de toutes façons la révolution ne se fait pas qu'à deux, et Telegram est incapable de sécuriser les conversations de groupe…).

Bref, ces importantes limitations des échanges secrets de Telegram sont des inconvénients majeurs en terme de convivialité, et repoussent donc les utilisateur·ices de la fonctionnalité, même dans les cas où celle-ci est connue. La sécurité informatique ne peut pas être une question purement technique, il est nécessaire de prendre en compte ces facteurs sociaux humains, du moins quand on est sérieux·ses. C'est donc bien de la désinformation de présenter Telegram comme une messagerie sécurisée, et c'est dangereux car cela peut donner un faux sentiment de sécurité à celleux qui croient utiliser un équivalent de Signal (ou WhatsApp). Si il y a des choses que vous n'auriez pas envie d'envoyer via DM sur Twitter ou Instagram, vous ne devriez probablement pas les envoyer non plus via Telegram.

Enfin, la dernière raison pour laquelle ça me pose soucis que Telegram soit systématiquement présentée comme une messagerie sécurisée est plus spécifique au contexte dans lequel c'est fait en ce moment. Il est problématique d'insinuer que c'est la sécurité (prétendument) offerte par Telegram qui justifierait l'arrestation de son PDG ou qui y attirerait des activités répréhensibles, d'autant plus qu'elle n'existe pas. Utiliser du chiffrement pour protéger sa vie privée et celle de ses interlocuteur·ices, ou pour protéger le secret de ses correspondances, ce n'est ni illégal, ni un problème, et c'est parfois même une nécessité. Je vous encourage d'ailleurs à utiliser Signal qui est pragmatiquement la meilleure application de messagerie sécurisée à ce jour, car les rares compromis qu'elle fait avec une sécurité techniquement maximaliste sont mûrement réfléchis et faits dans avec l'objectif de lui permettre d'être conviviale, c'est-à-dire facile et plaisante à utiliser sans erreur de manipulation pouvant compromettre la sécurité ou le fonctionnement de la messagerie.

Un des visuels de la campagne “Contre le capitalisme de surveillance et la technopolice, le logiciel libre” de l'Union communiste libertaire.

Si c'est “gratuit”, c'est toi qui produis à Pas Sage En Seine 2024

L'enregistrement vidéo de la conférence Si c'est “gratuit”, c'est toi qui produis que j'ai donnée lors du festival Pas Sage En Seine 2024 le dimanche 2 juin a été mise en ligne sur PeerTube, j'en ai mis une copie sur ma chaîne YouTube :

Je remercie grandement l'April pour la transcription de la conférence disponible sur Libre à lire.

Si c'est “gratuit”, c'est toi qui produis — Pas Sage En Seine #PSES2024

Paradoxe dans la pensée libriste à Pas Sage en Seine 2024

L'enregistrement vidéo de la conférence Paradoxe dans la pensée libriste que j'ai donnée lors du festival Pas Sage En Seine 2024 le vendredi 31 mai a été mise en ligne sur PeerTube, j'en ai mis une copie sur ma chaîne YouTube :

Je remercie grandement l'April pour la transcription de la conférence disponible sur Libre à lire.

Paradoxe dans la pensée libriste — Pas Sage En Seine #PSES2024

L'impasse du macronisme : on en sort, ou on fonce dans le mur

Suite aux résultats du premier tour des législatives anticipées de 2024, nous voilà finalement face à l'inéluctable choix entre la social-démocratie du Nouveau Front populaire et le libéralisme-autoritaire fascisant (voire fasciste) du RN. Le macronisme, ou plutôt ce qu'il représente, c'est-à-dire un néolibéralisme débridé incapable de la moindre subtilité dans sa gestion du système capitaliste, est en bout de course. Nous voilà au pied du mur, au fond de son impasse.

Le macronisme est une impasse

Le système capitaliste tend naturellement à la concentration des capitaux. Cela pose évidemment un problème, parce qu'une société ne peut pas tenir quand l'écrasante majorité de sa population n'a plus rien tandis qu'une poignée d'ultra-riches ont tout. Et bien sûr plus les richesses et le pouvoir sont concentrés dans les mains d'un nombre réduit d'acteurs, plus l'équilibre qui permet la cohésion de la société est fragile.

La solution de la social-démocratie est de limiter la vitesse de la concentration des capitaux par une meilleure redistribution (voire répartition) des richesses, c'est-à-dire par une gestion vaguement sociale du capitalisme permettant de minimiser les dégâts pour la majorité des gens. Cela s'accompagne également de mesures immédiates favorisant le bien-être et le vivre ensemble : luttes contre les racismes et les VSS, droits LGBTI, écologie, etc. Par opposition à une véritable émancipation qui nécessiterait une rupture révolutionnaire avec le capitalisme, c'est évidemment une sorte d'arnaque, puisqu'il s'agit de gérer les symptômes plutôt que de s'attaquer à la racine du problème, mais il n'empêche que, en particulier quand le mouvement social s'en mêle, de véritables avancées peuvent être obtenues sous la social-démocratie, et nous ne pouvons faire l'économie de la moindre victoire.

Le macronisme n'est lui en revanche pas capable de la moindre subtilité, il est dépourvu de visions à long ou même moyen termes. Tout ce qui compte c'est de s'en mettre plein les poches, et plein les poches des copains, tout de suite. Ce n'est rien d'autre qu'un système de vol en bande organisée, il s'agit littéralement de détourner de l'argent public au profit de la classe dirigeante et au détriment des services publics (éducation, santé, culture, information, social, environnement, transports, sécurité, etc.). Cela accélère bien sûr la concentration des capitaux, parfois à des vitesses phénoménales, comme ce fut le cas ces dernières années. Cette augmentation des inégalités, comme dit plus haut, entraîne nécessairement une instabilité, d'autant plus forte que l'augmentation est rapide. Face à la colère sociale, le macronisme n'a qu'une seule réponse : la répression. Il est réduit à l'autoritarisme le plus violent : on l'a vu au niveau institutionnel avec leurs innombrables passages en force à coup de 49-3 ; on l'a vu dans les rues avec la répression féroce de la contestation et la police en roue libre ; on l'a vu dans ses volontés de transformation de l'audiovisuel public ; on l'a vu dans sa caporalisation de l'Éducation nationale ; etc. C'est comme ça que le capitalisme finit systématiquement par dériver vers le fascisme, qui n'est rien d'autre que son extension nécessaire quand il est allé trop loin vers lui-même, ce qu'il fait inexorablement, par nature. Cette pente glissante empruntée par le gouvernement est savonnée par les ultra-riches au service desquels il gouverne, le grand capital lui-même, pour assurer et accélérer la descente : ainsi l'installation du chien de garde Hanouna sur Europe 1 par Bolloré avec la mission de faire campagne pour l'extrême droite ; ainsi l'extrême-droitisation du Figaro, propriété de Dassault restée jusqu'à récemment encore le journal de référence de la droite républicaine ; etc. À se retrouver si peu nombreux en haut de la pyramide, acculé seul face au peuple, le grand capital n'a d'autre choix que le fascisme, son autoritarisme et sa répression.

Ce n'était donc qu'une question de temps, et il semble que ça y est, nous y sommes. Dimanche prochain nous sommes à nouveau appelé·es aux urnes dans la plupart des circonscriptions, qui n'ont pas élu leur député·e dès le premier tour. Dans la majorité d'entre elles, la configuration initiale du second tour est une triangulaire, avec un véritable risque de victoire du RN. La majorité des représentant·es du macronisme poursuivent, comme à leur habitude à marche forcée, leur campagne “ni-ni” en surface mais en prenant bien plus de temps pour taper sur LFI que sur le RN, parfois même sans taper sur le RN du tout, montrant par là à quel point ils se sont vautrés sur leur pente glissante savonnée et n'ont aucun principe politique ou moral. Après avoir bénéficié à de multiples reprises du barrage à l'extrême droite par les électeur·ices de gauche, les macronistes semblent en majorité incapable de faire barrage elleux-mêmes quand ce n'est pas à leur propre avantage. Aucun principe politique. Aucune morale.

Le macronisme est une impasse, celle qui nous a mené·es dans la situation actuelle.

Sortir de l'impasse… ou foncer dans le mur

Dimanche donc, il n'y a qu'une alternative : se diriger vers la sortie de l'impasse avec le Nouveau Front populaire ou foncer dans le mur avec le RN.

Quoi qu'il en soit, il va falloir s'organiser et lutter. L'extrême droite et ses idées ont imprégné durablement notre société, et ce n'est pas par les urnes, même en cas de victoire, qu'on s'en débarrassera. Le mieux qui puisse nous arriver dimanche, si le Nouveau Front populaire obtient une majorité de sièges, c'est de faire un pas, plus ou moins grand, en direction de la sortie de l'impasse. Il tiendra ensuite à nos luttes sociales de dicter le rythme et le tempo auxquels nous avancerons vers la sortie, voire de choisir la direction à prendre une fois sorti·es de l'impasse, mais nous n'en sommes pas encore là… et nous n'y sommes pas préparé·es ! Cela nécessiterait que notre camp social soit bien plus fort et organisé qu'il ne l'est actuellement, ce qui signifie notamment que nous devons renforcer et unifier le syndicalisme de lutte. De trop nombreux secteurs de la production (typiquement les secteurs féminisés) ou géographiques sont des déserts syndicaux. De trop nombreuses unions locales et départementales sont en déperdition par manque de militant·es syndicalistes investi·es dans leur fonctionnement. De trop nombreuses structures syndicales manquent de démocratie et d'une véritable vie militante et collective. Mais en attendant, pour sortir de l'impasse, la première étape nécessaire, c'est déjà de faire barrage à l'extrême droite dans les urnes.

Si cela s'avérait être un échec et qu'au contraire la majorité des sièges doive aller au RN, nous nous éclaterions droit dans le mur du fond. Il nous faudrait dans ce cas commencer par nous protéger collectivement des chutes de briques en faisant preuve d'une solidarité universelle et sans faille contre toutes les oppressions et discriminations pour avoir la moindre chance de réussir à nous sortir des décombres. Seulement alors nous pourrons relever la tête et tenter de nouveau de nous sortir de l'impasse. Dans ce cas aussi, nous aurons besoin dès le lendemain des élections de nos meilleures armes contre le fascisme : des syndicats forts, unitaires, et démocratiques permettant l'auto-organisation de nos luttes sociales pour défendre et étendre nos droits et nos libertés. N'attendez pas, syndiquez-vous !

Quoi qu'il en soit donc, il va falloir s'organiser et lutter.
Et pour l'heure, l'urgence est au barrage dans les urnes.

NO pasaRáN

Syndiquez-vous !
CGT : syndicalisationSolidaires : les syndicatsFSU : je me syndique

Il faut soutenir le Nouveau Front populaire

Je suis communiste libertaire. Je suis syndicaliste révolutionnaire. Ce qui guide ma réflexion et mon action politique, c'est d'abord le pragmatisme. La stratégie révolutionnaire à laquelle je crois ne passe donc pas par les urnes, ni même par les institutions en place, parce que les structures sont toujours plus puissantes que les individus. Et pourtant, je vais soutenir de toutes mes forces le Nouveau Front populaire pour les trois semaines à venir.

D'abord, parce que les circonstances historiques l'imposent à tout antifasciste : la menace de l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite est réelle, et il faut l'empêcher par tous les moyens. Il se trouve que pour ma part je participe régulièrement aux élections, parce que je crois en l'importance de la diversité des tactiques (mon courant politique théorise le fait qu'il peut se tromper !), et donc ça ne me dérange pas de donner mon bulletin de vote, qui m'est inutile par ailleurs, aux camarades qui y croient et dont la stratégie est cohérente avec la participation aux élections. Surtout que ça ne me prend qu'une demi-heure, en moyenne une fois par an. Dans les circonstances actuelles en particulier, ça me semble encore plus important : cette fois-ci, glisser un bulletin dans une urne, c'est faire barrage à un risque concret d'accession au pouvoir de l'extrême droite. Je le dis en particulier aux personnes qui comme moi n'ont pas la participation aux élections dans le cadre des institutions politiques de la 5e République dans leur arsenal politique, mais qui n'ont pas non plus l'habitude d'aller voter. Contre l'extrême droite, je crois sincèrement qu'il le faut. Cela n'invalide en rien votre antifascisme de terrain, vos luttes concrètes, et vos activités militantes tout le reste du temps. Je l'ai fait à chaque fois, même en cas d'absence de la gauche au second tour, et même si j'ai des larmes qui me montent aux yeux rien qu'en l'écrivant parce que c'est difficile à titre individuel, je le referai systématiquement.

Ensuite, parce que notre camp social a besoin de victoire : une victoire de la gauche dans les urnes peut donner un élan d'enthousiasme à des mobilisations massives qui auront à se battre POUR obtenir des avancées en terme de droits et de libertés, plutôt que de devoir encore une fois se battre CONTRE des reculs. Quand on dit que “la meilleure défense c'est l'attaque”, c'est pas pour rien. Quand on se défend, il faut gagner à chaque fois pour ne pas reculer, quand on attaque, il suffit de gagner une fois pour avancer. Il est grand temps de renverser la vapeur, et de permettre à notre camp social de passer à l'offensive. En tant que syndicalistes révolutionnaires nous avons cette double besogne de l'accompagnement quotidien pour des victoires immédiates, et de construire les structures démocratiques et autogestionnaires de la société de demain. Parfois, ces deux tâches entrent en contradiction (réclamer des primes au patron pour les salarié·es alors qu'on travaille par ailleurs à l'émancipation intégrale et donc l'abolition du patronat et du salariat). Souvent, les deux vont d'un même pas : former de nouveaux et nouvelles militantes en les accompagnant dans la défense de leurs droits, obtenir des victoires locales, renforcer l'organisation syndicale et l'enthousiasme pour y participer, élargir sa base et y renforcer la démocratie, etc. C'est le cercle vertueux de la stratégie des contre-pouvoirs. Ces victoires locales, dans les luttes, sont certainement les plus efficaces parce qu'également formatrices, mais ne sont pas les seules à pouvoir jouer ce rôle : il ne fait pas de doute qu'une victoire lors de ces législatives anticipées donnerait un coup de boost à l'ensemble du mouvement social, ne serait-ce qu'au niveau du moral. C'est une chance à ne pas laisser passer. C'est d'ailleurs un bon moment pour franchir le pas et vous syndiquer si vous ne l'êtes pas déjà (CGT : syndicalisation ; Solidaires : les syndicats ; FSU : je me syndique) !

Enfin, parce qu'un soutien n'est pas une adhésion pleine et entière : comme sa référence historique, ce nouveau Front populaire est un accord de circonstance entre des organisations de la gauche institutionnelle, qui, bien qu'il soit rejoint ou soutenu plus largement par d'autres organisations politiques plus radicales, par nos organisations syndicales, et par des associations, ne peut par définition que faire des promesses de compromis pour arriver à un consensus dans le grand écart qui sépare les plus radicaux de la France insoumise des plus libéraux de Place publique… sachant que rien de tout ça n'est vraiment d'extrême gauche. Pas de doute, le contenu du programme du Nouveau Front populaire (PDF) ne correspond pas à une rupture révolutionnaire, mais à des mesures immédiates favorables à notre camp social. Et on sait qu'absolument rien n'engage réellement les candidat·es à respecter ces promesses une fois élu·es, même en cas de victoire écrasante. C'est pourquoi il sera nécessaire, pour compléter une véritable dynamique de Front populaire à la hauteur de la référence historique, de construire une mobilisation massive du mouvement social dans son ensemble dès le lendemain des élections, et ce quels que soient les résultats de celles-ci. Qu'il s’agisse d’entrer en résistance contre un gouvernement d’extrême droite ou de faire pression sur un gouvernement de gauche que nous devrons pousser, par nos luttes, à tenir ses engagements puis à les dépasser, une mobilisation massive sera indispensable. Quoi qu'il en soit, nos meilleures armes contre le fascisme sont les luttes sociales pour défendre et étendre nos droits et nos libertés.

C'est pourquoi il faut nous organiser dès aujourd'hui. Il faut lancer partout et immédiatement des initiatives locales unitaires rassemblant sur une base résolument sociale et antifasciste tous les syndicats, organisations politiques, collectifs, et associations qui le veulent. Ces fronts unitaires doivent appeler dès que possible à des assemblées générales pour entamer les discussions à la base : sur quoi est-ce qu'il ne sera pas question de lâcher dans le programme ? et qu'est-ce qu'on voudra de plus que ce qu'il y a dans le programme ? comment on s'organise ? comment on se met en grève ? comment on fait le lien avec les autres boîtes/établissements du territoire ? Les unions locales des syndicats ont leur rôle à jouer. Il nous faut les renforcer. En 1936, le programme électoral sur lequel le Front populaire est élu est ”modéré et ambigu, ce n'est que grâce aux grèves massives de mai et juin 1936 que les congés payés, la semaine de 40h, l'augmentation des salaires, le droit à la retraite, etc. ont été obtenus !

Pour en revenir au présent, si l'on veut permettre à notre camp social d'être à l'offensive, la première étape nécessaire est une victoire de la gauche dans les urnes lors de ces législatives anticipées.

Le 30 juin et le 7 juillet,
votons et faisons voter
Nouveau Front populaire
!

Nouveau Front Populaire

MISE À JOUR 16/06/2024 : je suis ravi de constater que l'Union communiste libertaire, qui ne participe normalement pas aux élections, appelle à faire gagner le Nouveau Front populaire dans les urnes pour faire barrage à l'extrême droite et préparer la riposte sociale dans son communiqué “Bloquer le RN, préparer la contre-attaque !”.

Front populaire face aux réactionnaires!
Révolution sociale contre le capital
!

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