Lecture : “No Crypto”

J'ai virtuellement rencontré Nastasia Hadjadji début septembre 2022, sur Twitter, alors qu'elle couvrait en direct depuis Londres le Crypto Policy Symposium 2022 que je suivais avec intérêt. À vrai dire, je ne m'attendais pas à trouver une couverture de qualité et en français de cet évènement, j'étais en fait tellement surpris et content à la découverte de son travail que je le lui avais immédiatement signifié par message direct, et nous avions alors brièvement échangé à l'époque.

Il y a quelques semaines, elle annonçait la sortie le 26 mai d'un livre qui tire justement sa genèse du voyage à Londres de l'autrice : No Crypto — Comment Bitcoin a envoûté la planète. Il ne m'en a pas fallu plus que ça pour le pré-commander immédiatement. En fait, j'ai même été tellement impatient que j'ai demandé à Nastasia Hadjadji si il serait possible d'avoir une copie numérique de son tapuscrit pour pouvoir le lire immédiatement et en faire une critique sur mon blog pour sa sortie, ce qu'elle a chouettement accepté ☺ ! Voici donc.

NO CRYPTO — Comment Bitcoin a envoûté la planète La première chose que je retiens de sa lecture, c'est que bien que je ne sois pas le public principalement ciblé par le livre au sens où, étant déjà assez bien informé sur le sujet, je n'y ai pas appris grand chose de nouveau, sa lecture valait quand même largement la peine tant les thèses présentées et les raisonnements développés le sont avec rigueur. C'est toujours bien de remettre les choses en place au sein d'un discours clairement construit et sourcé (d'autant qu'un certains nombre de sources et de nombreux exemples pris au fil de l'ouvrage m'étaient pour le coup inconnus avant sa lecture).

Dès l'introduction l'autrice situe proprement son propos : Ce livre propose donc une lecture politique des crypto-actifs ancrée dans la Théorie Critique d’Internet (Critical Internet Theory), une discipline des sciences sociales qui met en lumière les structures de pouvoir qui s'expriment à travers le code et les technologies, en insistant sur la place de l'idéologie dans la diffusion de ces objets.. Oui, le sujet est politique et doit être traité comme tel. Pour beaucoup de monde, je pense (j'espère) que c'est une évidence. Pour les autres, iels en seront convaincu·es par l'autrice au fil des six chapitres que comporte l'ouvrage et dont les titres ne laissent pas de place à l'ambiguïté : 1- Le culte de Bitcoin, 2- Les racines d'une e-déologie, 3- L'âge d'or de l'arnaque, 4- Le désastre écologique, 5- Crypto-colonialisme et inclusion prédatrice, et pour finir de planter le clou 6- Politique du Bitcoin.

Après un premier chapitre dans lequel l'autrice dresse avec justesse des portraits typiques des crypto-adeptes[1] (au rang desquels on retrouve les opportunistes, les défricheurs, les idéologues, les idéalistes, et les révoltés) tout en démontrant la religiosité (quelquefois explicite !) de leur technophilie qui va parfois jusqu'au culte sectaire, le second chapitre démontre sans laisser aucune part au doute que ces technologies presque systématiquement présentées comme anti-système y sont en fait parfaitement et en tous points intégrées. Loin de permettre un monde libéré de l'oligarchie financière, l'industrie des crypto-actifs non seulement dépend des élites en place et les renforce, mais se rend également coupable des mêmes pratiques de collusion entre la finance et les états, au détriment des populations. De nombreuses preuves sont apportées à ce propos, y compris des exemples français, mais je choisis de vous en extraire une en particulier ici, en lien avec le scandale FTX : Le 11 novembre, FTX se place sous le régime de la protection des faillites auprès d'un tribunal du Delaware. Une nouvelle fois une société du marché des crypto-actifs dont la raison d'être était de contourner les lois fédérales en appelle à l'État, et donc à l'argent des contribuables, pour amortir les dégâts causés par sa gestion déplorable.. Dont acte.

Le troisième chapitre poursuit sur les arnaques, mais dans un sens tout à fait direct cette fois, en démontrant petit à petit, à l'appui notamment des travaux de David Gerard, Amy Castor, et Stephen Diehl que je recommande au passage, qu'en plus de n'avoir qu'une valeur marchande (par opposition à une valeur d'usage), cette valeur marchande n'est qu'une pure valeur d'échange (par opposition à une valeur économique) : la seule valeur des crypto-actifs, c'est “à combien le pigeon suivant va bien vouloir l'acheter ?”, un concept habilement nommé “Greater Fool Theory”. C'est ainsi que, à l'opposé du discours anti-inflationniste porté par les crypto-adeptes, le marché des crypto-actifs est artificiellement gonflé par ses plus gros investisseurs[2] pour attirer le chaland. Ces mêmes investisseurs inondent en même temps et avec le même objectif des startups aux projets pourtant complètement creux mais qui alimentent la hype médiatique autour de concepts vides comme le “web3”, qui à leur tour ont recours aux services de certains influenceurs sans scrupules…

Le quatrième chapitre s'attaque à l'épineuse et cruciale question écologique. Malgré l'évidence de l'hyper-consommation énergétique des blockchains à preuve de travail[3], les crypto-adeptes répondent régulièrement à la question en citant ce qu'ils pensent être des contre-exemples suffisants pour nier le problème, comme l'installation de l'entreprise de minage Riot Platforms à Corsicana au Texas censée permettre la stabilisation de la grille électrique par absorption du surplus de production, ou encore l'histoire du Parc national de Virunga au Congo sauvé par des profits générés en minant des bitcoins. Sources à l'appui, ces exemples sont systématiquement démontés par l'autrice, qui donne à travers son texte la parole aux spécialistes universitaires comme aux oppositions locales, et rappelle au passage les scandales presque systématiquement cachés derrières ces situations. Typiquement, les sommes colossales (qui se chiffrent en centaines de million de dollars) que les contribuables texans vont payer à leur insu pour défrayer les (supposés) effacements des mineurs du réseaux électriques lors des pics de demandes. Ou encore, les installations de fermes de minage au Kazakhstan au détriment des populations qui subissent à la fois, en raison de la demande importante que les mineurs font peser sur le réseau électrique, de nombreuses coupures de courant et une augmentation des tarifs de l'énergie. Je vais m'arrêter là, mais le chapitre est dense.

Le cinquième chapitre est tout aussi fourni que le précédent. Il est cette fois question de l'inclusion prédatrice, c'est-à-dire de la façon dont des narratifs d'inclusivités sont utilisés pour attirer des communautés opprimées, que ce soit les femmes, les LGBTI, ou les racisé·es dans les pays du nord (ici l'autrice s'appuie entre autres sur les travaux de l'excellente Molly White), ou les pays du sud dans leur ensemble. Il y est évidemment longuement question du Salvador et de son président-dictateur fou de Bitcoin qui transforme son pays en cobaye au service d'une élite financière essentiellement états-uniennes, et qui insiste et poursuit l'expérimentation malgré un échec manifeste et le rejet par sa population. Il y est aussi question plus largement de l'Amérique latine et du continent africain. De nouveau, la parole est donnée à des spécialistes universitaires pour expliquer les mécaniques de prédation à l'œuvre et décrire leurs effets nécessairement néfastes puisqu'il s'agit finalement de mettre plus de ce qui pose l'essentiel des problèmes en premiers lieux : la spéculation sauvage, les marchés dérégulés, la financiarisation capitaliste.

Pour finir, le sixième chapitre est en quelques sortes une forme condensée et mise à jour du livre de 2016 de David Golumbia, The Politics of Bitcoin. Les liens entre l'industrie des cryptos-actifs et l'alt-right américaine, mais aussi l'extrême droite française, y sont démontrés : mythes économiques communs, mêmes individus impliqués, etc. Il y est rappelé que loin d'être des technologies neutres, les blockchains et les crypto-actifs sont des chevaux de Troie pour la pensée réactionnaire. L'autrice met d'ailleurs en garde ses lecteurs et lectrices au sujet de ce qui risque de pousser sur les cendres du monde des crypto-actifs quand celui-ci finira inévitablement par s'effondrer sur lui-même. Les crises économiques du capitalisme financier et leurs conséquences inégalitaires sur les populations sont un terreau fertile pour les théories économiques complotistes profitant du même élan à l'extrême droite et aux idéologies réactionnaires pro-cryptos. En installant dans le débat une fausse dichotomie entre d'un côté un État-Léviathan autoritaire et de l'autre l'idée d'une société ouverte, libre, et décentralisée qui reposerait sur un sacro-saint et tout puissant marché, le discours des crypto-adeptes efface complètement le fait que la seule chose qu'ils proposent concrètement est de soustraire les puissants du contrôle collectif potentiellement permis par l'État. Comme le propose l'autrice, on peut effectivement résumer la thèse démontrée dans ce chapitre en une phrase de Yanis Varoufakis, qu'elle traduit en français : Le système économique mondial actuel est oligarchique, opportuniste, irrationnel et inhumain, mais l'essor des cryptos ne le rendra que plus oligarchique, plus opportuniste, plus irrationnel et plus inhumain.[4].

Malgré cela, si je devais avoir un reproche à faire à l'ouvrage ce serait de bien trop laisser les mots « anarchie », « anarchisme », « anarchiste », et même « libertaire » au camp de ceux qui n'y voient que l'anti-étatisme et la liberté individuelle absolue, sans aucune des notions de socialisation, de libertés collectives, et d'autogestion que ces termes devraient pourtant porter avec force. J'aurais aimé par exemple que lorsque l'autrice cite Tim May, a minima une note de bas de page remette en question cette appropriation malpropre de l'anarchisme par un libertarien, pour ne parler que d'une des premières fois où ce souci apparaît dans l'ouvrage.

Il faut reconnaître à l'autrice que, contrairement à la plupart des travaux critiques sur les crypto-actifs, elle dit explicitement que la dichotomie présentée dans le discours des crypto-adeptes est une alternative simplificatrice qui sert à éluder le fait que l'on peut tout à la fois critiquer la coercition organisée par les états et l'industrie des cryptos, dans un même mouvement de prise de recul. Cependant, j'irais plus loin, en affirmant que la prise de recul peut aller jusqu'à soumettre à une critique radicale autant l'État lui-même que le marché, dont l'industrie des crypto-actifs n'est finalement qu'une partie. Il me semble qu'un tel rappel est d'autant plus important qu'il est rare, et que l'oublier contribue à invisibiliser des familles politiques qui, bien que petites en terme de taille, sont d'une importance essentielle dans les mouvements sociaux tant historiquement que dans l'actualité. Je pense notamment à l'ensemble des courants anti-autoritaires du mouvement ouvrier, souvent oubliées des programmes d'histoire, tels que le communisme libertaire, le marxisme libertaire, le socialisme libertaire, l'anarcho-syndicalisme, ou bien sûr le syndicalisme révolutionnaire. Aucune de ces familles politiques n'a quoi que ce soit à voir avec le libertarianisme des crypto-adeptes qui revendiquent les termes « anarchiste » et « libertaire », sans pour autant qu'aucune d'entre elles ne soit favorable ni à l'État ni à la dérégulation totale conduisant à la loi du plus fort, contrairement aux libertariens. Elles n'ont d'autant plus rien à voir qu'en pratique les libertariens ne sont absolument pas anti-système puisqu'au fond, ce qu'ils veulent, c'est toujours plus de capitalisme et de marché (i.e., du système), et qu'en plus il est aujourd'hui évident que ces structures ne subsistent pas d'elles-mêmes et nécessitent du coup sans arrêt d'être sauvées ou cadrées, sous perfusion d'argent public via des états capitalistes forts ou autoritaires dont les libertariens s'accommodent donc parfaitement (on a vu l'exemple du Salvador sur lequel les crypto-adeptes ne tarissent pas d'éloges).

Dans son livre, Nastasia Hadjadji montre suffisamment les accointances des états capitalistes avec l'industrie des crypto-actifs au même titre qu'avec le reste de la finance dont cette industrie ne se démarque finalement pas vraiment, si ce n'est en poussant à leur paroxysme ses concepts les plus pernicieux. Ce travail est remarquablement mené par l'autrice. J'aurais apprécié que la logique du raisonnement soit poussée plus loin, jusqu'à affirmer qu'une émancipation réelle ne sera pas permise sans se défaire pour de bon de toutes formes d'autorités imposés, que ce soit donc par un état ou par une puissance privée à travers un marché. S'émanciper signifie se défaire de tout asservissement, quel qu'il soit. Refuser le monde ultra-individualiste de compétition sauvage promis par les technologies basées sur des blockchains ne veut certainement pas dire faire l'apologie du système bancaire capitaliste, soit ; mais il faudrait à mon avis qu'il soit tout aussi clair que ça ne veut certainement pas dire non plus faire l'apologie de l'État. Tout comme il existe d'autres modes d'organisation de la production que le marché capitaliste, il existe d'autres modes d'organisation collective de la vie publique que l'État-nation. Bon, mais au point où on en est actuellement, j'avoue que c'est presque du pinaillage…

Bref, No Crypto de Nastasia Hadjadji sort ce vendredi, le 26 mai, et j'en recommande fortement la lecture ! Vous savez désormais quoi faire ce week-end, et ça commence par un petit tour chez votre libraire ☺.

Notes

  1. ^ Je reprends dans ce billet le terme “crypto-adeptes” utilisé dans l'ouvrage de Nastasia Hadjadji, mais je conserve par ailleurs l'usage du mot-valise de mon invention “cryptocards”, que j'essaye tant bien que mal de populariser.
  2. ^ Ces gros investisseurs sont tous d'importants fonds d'investissement et capital-risqueurs faisant systématiquement partis de la finance traditionnelle pourtant décriée par les discours pro-cryptos…
  3. ^ Je note ici que j'ai déjà expliqué dans mon billet “Le coût d'une blockchain” qu'indépendamment du mécanisme de consensus utilisé par une blockchain, pour des questions d'efficience le coût de celle-ci n'est jamais à la place mais toujours en plus de l'alternative.
  4. ^ « Within our present oligarchic, exploitative, irrational, and inhuman world system, the rise of crypto applications will only make our society more oligarchic, more exploitative, more irrational, and more inhuman. », Yanis Varoufakis dans « Crypto & the Left, and Techno-Feudalism », The Crypto Syllabus.

Vocabulaire : minage

Lors d’une conférence d’introduction aux blockchains que je donnais récemment, on m’a demandé pourquoi le “minage” s’appelle ainsi : d’où vient cette analogie avec l’extraction minière ? C’est une question tout à fait pertinente à laquelle j’ai décidé de consacrer un billet, car sa réponse apporte un éclairage important sur l’idéologie politique intrinsèque au fonctionnement et même à la conception des blockchains, et donc des « cryptomonnaies ».

Une illustration courante
de l’analogie du “minage”.

Dans une blockchain, ce qu’on appelle le minage, c’est le fait d’essayer de construire le prochain bloc valide qui sera ajouté à ladite blockchain, en échange d’une récompense par de la « cryptomonnaie » nouvellement créée. Cette construction est le plus couramment le fruit d’un mécanisme de consensus par preuve de travail ou d’enjeu (c’est-à-dire en vérité d’un tirage au sort non contestable parmi l’ensemble des participants alors qu’on ne connaît pas cet ensemble et qu’on est dans une situation de défiance généralisée où personne ne fait confiance à qui que ce soit d’autre que lui-même).

Analogie : des exploitants (qu’on appelle directement des « mineurs » dans les blockchains, mais c’est trompeur, ils ne font pas le travail et se contentent de posséder le capital, en l’occurrence des ordinateurs) emploient des travailleurs qui creusent dans une mine (font s’exécuter sur des ordinateurs l’algorithme de preuve de travail de leur blockchain) et le premier dont l’un des mineurs trouve une pépite (dont l’un des ordinateurs construit par hasard un bloc qui rempli les contraintes à satisfaire selon l’algorithme en question[1]) s’enrichit de celle-ci (obtient de la nouvelle « cryptomonnaie »).

En version démêlée, on a d’un côté de l’analogie, l’image à laquelle on se réfère : des exploitants emploient des travailleurs qui creusent dans une mine et le premier dont l’un des mineurs trouve une pépite s’enrichit de celle-ci ;
et de l’autre côté, ce qui se passe effectivement pour les blockchains : les mineurs font s’exécuter sur des ordinateurs l’algorithme de preuve de travail de leur blockchain et le premier dont l’un des ordinateurs construit par hasard un bloc qui rempli les contraintes à satisfaire selon l’algorithme en question[1] obtient de la nouvelle « cryptomonnaie ».

Cette analogie n’est pas le fruit d’une tentative de vulgarisation a posteriori, elle est pensée a priori dans les fondements théoriques et techniques de la technologie elle-même. Et comme elle est une volonté de conception, l’analogie ne s’arrête pas là.

Par exemple dans Bitcoin, pour lequel la technologie de la blockchain a été conçue, il y a une volonté de simuler le fait que plus on a trouvé d’or dans les mines moins il en reste et donc plus il est difficile d’en trouver de nouveau. L’analogie est donc forcée par conception : le protocole prévoit que la récompense attribuée avec chaque nouveau bloc soit divisée par deux tous les 210 000 blocs, c’est-à-dire à peu près tous les 4 ans, puisque la difficulté de minage s’adapte dynamiquement pour qu’un bloc soit trouvé toutes les 10 minutes. Cette dernière décision est d’ailleurs justifiée dans le white paper de Bitcoin (PDF) par la phrase L’ajout régulier de nouvelles pièces est analogue aux mineurs d’or qui dépensent de plus en plus de ressources pour trouver de l’or et le mettre en circulation.[2].

De même, il est prévu que jamais plus de 21 millions de bitcoins ne seront en circulation, par analogie avec la quantité finie d’or qu’on peut trouver sur Terre. Dans le white paper de Bitcoin, cette décision est justifiée par la phrase Une fois qu’un nombre déterminé de pièces aura été mis en circulation, la récompense ne sera plus constituée que des frais de transaction, ce qui évitera alors toute inflation.[3]. Et ici, on commence à percevoir clairement l’idéologie qui se trouve derrière cette analogie.

En effet, un des aspects typiques de la pensée monétaire et économique des défenseurs des « cryptomonnaies » est l’idée selon laquelle la valeur de chaque chose est nécessairement marchande, serait le fruit d’un équilibre entre offre et demande pour cette chose, et donc dépendrait directement de sa rareté. Il suit naturellement de ce raisonnement que l’inflation, c’est-à-dire la dévaluation du pouvoir d’achat d’un montant donné de monnaie, ne peut être dû qu’à une augmentation de la quantité de monnaie, rendant celle-ci moins rare.

C’est pour ça que les défenseurs des « cryptomonnaies » ont en horreur les banques centrales, qu’ils accusent (à tort, mais passons) d’être les détentrices de la planche à billet dont elle se servirait allègrement, et donc la cause de l’inflation. Évidemment, c’est complètement faux d’un bout à l’autre, ce n’est pas du tout comme ça que fonctionne ni l’inflation ni la création monétaire en pratique. Je vous renvoie vers ces vidéos de l’excellente chaîne de vulgarisation de la finance et de l’économie Heu?reka pour mieux comprendre la création monétaire et l’inflation.

Cette vision de la monnaie porte un nom : le métallisme. L’idée est que la monnaie serait une simple marchandise parmi d’autres, et que sa valeur lui soit donc intrinsèque (et surtout pas le fruit d’une forme quelconque de confiance sociale). Une pièce de 10 grammes d’or à la valeur de 10 grammes d’or, parce que c’est 10 grammes d’or, et non parce que c’est écrit dessus et garantie par une institution (potentiellement, mais pas forcément, contrôlable démocratiquement, par exemple). Évidemment, plutôt que de manipuler directement des métaux précieux, on peut les mettre à l’abri dans des coffres et imprimer des billets dont la valeur est représentative et correspond exactement à la quantité d’or stocké. C’est le principe de l’étalon-or.

Quand on fait l’hypothèse que la monnaie est une marchandise parmi d’autres, qui serait donc déjà là a priori, comme une matière première, on est finalement dans un cas très similaire à une économie de troc. Cette hypothèse est loin d’être neutre, elle a des conséquences économiques et politiques majeures. Vous pouvez percevoir la nature de ces conséquences au travers de la vulgarisation qu’en font Heu?reka et Des économistes et des hommes dans leur vidéo sur le rôle de la monnaie dans une économie capitaliste, où ils font la comparaison entre les conclusions qu’on peut tirer d’un modèle d’économie monétaire et de celui d’une économique de troc[4] :

Conclusions du modèle d’économie monétaire :

  • Les profits viennent des investissements.
  • Les crédits (création monétaire) permettent les investissements et font ainsi les dépôts.
  • Des salaires trop élevés pourraient être cause de chômage.
  • Mais aussi des salaires trop bas ou des investissements trop faibles (baisse des revenus et donc de la consommation), qui pourraient entraîner une crise de surproduction qui engendrerait à son tour du chômage.

Conclusions du modèles d’économie de troc :

  • Les profits correspondent à la production moins les salaires.
  • Les dépôts permettent les crédits qui à leur tour permettent les investissements.
  • Seul des salaires trop élevés peuvent expliquer le chômage.
  • Une crise de surproduction est… impossible.

Évidemment, comme on peut le deviner en voyant ces conclusions, ces deux familles de conception de la monnaie sont éminemment liées à des courants politiques. Pour faire simple, économie monétaire plutôt à gauche, et économie de troc plutôt à droite.

La nature supposée de la monnaie comme monnaie-marchandise, qui est imprégnée dans la conception même de Bitcoin (et donc des blockchains), n’est donc pas neutre. Au contraire, elle est fortement marquée idéologiquement et politiquement très à droite : en faisant de la monnaie une marchandise tangible voire “naturelle”, on favorise l’idéologie de la propriété privée en niant les possibilités de contrôle politique et démocratique de la monnaie[5].

Les technologies ne sont pas neutre, et celles des blockchains et des « cryptomonnaies » d’autant moins. Ce n’est pas nouveau. Dans un précédent billet, je présentais le livre The Politics of Bitcoin de David Golumbia, dans lequel l’auteur défend très bien la thèse qu’il pose dès le sous-titre de l’œuvre : “Software as Right-Wing Extremism”. Autre exemple, on trouve dans la revue Alternatives économiques un entretien avec les sociologues Marlène Benquet et Théo Bourgeron intitulé « Chez Eric Zemmour, on retrouve la connexion entre l’extrême droite et les cryptomonnaies ». Dans ce billet j’espère vous avoir convaincu que l’analogie du minage est une confirmation de plus de l’orientation politique libertarienne intrinsèque à la conception même des blockchains. Comme je le dénonçais déjà dans un précédent billet, la propagande politique est finalement bien la seule chose à laquelle servent effectivement les blockchains… En prétendant que leur technologie est neutre, les défenseurs des blockchains en font véritablement l’usage le moins neutre imaginable : ils s’en servent comme véhicule de propagation et de normalisation d’idéologies libertariennes penchant vers l’extrême droite.

Notes

  1. a, b Bloc qui, par son ajout à la chaîne, attribuera une récompense au mineur car il contient une transaction spéciale qui lui offre de la « cryptomonnaie » nouvellement créée, cf le § “Récompense” de la section “2.1.1 Fonctionnement” de mon article “Promesses et (dés)illusions : une introduction technocritique aux blockchains.
  2. ^ En anglais dans le texte : « The steady addition of a constant of amount of new coins is analogous to gold miners expending resources to add gold to circulation. ».
  3. ^ En anglais dans le texte : « Once a predetermined number of coins have entered circulation, the incentive can transition entirely to transaction fees and be completely inflation free. ».
  4. ^ Au sujet des économies de troc et de l’origine et la nature de la monnaie, je recommande la lecture de la recension que David Cayla fait du livre “Dette : 5000 ans d’histoire” de David Graeber dans la revue de la Régulation, en particulier la section “3.1 Le mythe libéral : la monnaie à l’origine de l’échange”.
  5. ^ Dans leur article “L’alternative monétaire Bitcoin : une perspective institutionnaliste”, les économistes Odile Lakomski-Laguerre et Ludovic Desmedt note ainsi que « le réseau [de Bitcoin] s’appuie sur des valeurs libertariennes et vise à s’affranchir de l’arbitraire politique ».

Parution du numéro spécial blockchains de la revue Terminal

Il y a un peu plus d’un an, je voyais passer un appel à articles pour un numéro spécial blockchains de la revue Terminal. Après quelques hésitations (est-ce qu’un article technique et critique intéressera la revue ? est-ce que ça va intéresser son lectorat ? suis-je seulement légitime à écrire un article dans une revue de SHS ? etc.) et avec les encouragements de certain·es ami·es et collègues, j’ai finalement décidé de soumettre une proposition. Ça s’est passé de manière tout à fait différente de ce dont j’avais l’habitude en informatique. Il fallait commencer par écrire une proposition d’article d’environ une page, et c’est seulement si cette proposition été retenue qu’il était nécessaire de rédiger l’article. Et point de LaTeX pour la rédaction, LibreOffice (ou son équivalent privateur) imposé ! Mais finalement c’était pas si pire, d’autant plus que ma proposition a été acceptée, et que par la suite les relecteur·es ont semblé bien apprécier mon article ☺.

Initialement, le numéro devait paraître en janvier 2023, mais il a pris un peu de retard… C’est finalement hier (le 28 avril), que le volume 136 de la revue Terminal, intitulé “Blockchains : quels enjeux juridiques, économiques, et énergétiques ?”, est paru. Yay !

Photo d'une machine dans une ferme de minage

Du coup, mon article Promesses et (dés)illusions : une introduction technocritique aux blockchains est enfin officiellement en ligne !

Comme la revue est intégralement en libre accès, j’ai mis à jour le site pablockchain.fr pour que le lien vers l’article redirige directement sur le site de la revue, mais le preprint (en PDF) est toujours disponible sur mon site web.

Je n’ai pas encore eu le temps de consulter les autres articles publiés dans le volume, mais j’ai hâte de pouvoir le faire.

28 avril : journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail

Le 28 avril, c’est la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Vous trouverez un historique de cette journée, qui est une création récente, sur le site de l’ONU : un environnement de travail sûr et salubre, principe et droit fondamental au travail.

Bien-être et liberté

Logo CGT avec la devise “bien-être et liberté”La sécurité et la santé au travail sont des sujets importants, en particulier pour les militant·es syndicalistes, mais dont je trouve qu’on ne parle malheureusement pas assez. Ce sont des outils puissants de protection des travailleur·es et de lutte collective, dont la mise en œuvre permet la construction de rapport de force concret face aux patrons. C’est vrai dans tous les secteurs, mais c’est d’autant plus pertinent dans le public, où les directions des administrations ne sont que peu voire pas du tout sensibles au rapport de force économique instaurable par une grève. Attention, il ne s’agit pas de dénigrer l’importance du moyen d’action qu’est la grève y compris dans les secteurs publics : il est ici question de la besogne quotidienne du syndicalisme, et non de sa besogne d’avenir, qui, bien que nourrit par la première, ne pourra faire l’économie de la construction d’une véritable grève générale[1]. Si un syndicalisme dénué de son objectif d’expropriation des capitalistes et d’émancipation des travailleur·es n’aurait que peu de sens politique, il serait tout aussi insensé d’imaginer une organisation syndicale capable de faire la révolution puis de servir de base de réorganisation sociale de la société et de la production qui ne se soit construite par la base, dans des luttes quotidiennes et fédératrices autour de revendications immédiates. Bien-être et liberté[2]. Ce possible malentendu écarté, revenons à nos moutons.

Sécurité et santé au travail : les sources du droit

La santé est un droit humain fondamental, reconnu de diverses façons par le droit international. En France, elle fait parti du bloc de constitutionnalité via l’article 11 du préambule de la constitution du 27 octobre 1946, c’est donc un droit qui se hisse tout en haut de la hiérarchie des normes.

Au travail, le droit à la santé à la sécurité fait l’objet d’une convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) depuis 1981 : la Convention n°155 portant sur la sécurité et la santé des travailleurs. Cette convention n’a pas été ratifiée par la France. C’est d’ailleurs la seule des onze conventions fondamentales de l’OIT qui ne l’est pas[3]

Heureusement, cette convention est traduite en droit européen par la Directive 89/391/CEE du Conseil, du 12 juin 1989, concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Une directive européenne étant directement applicable dans les pays membres puisque, faisant parti du bloc de conventionnalité, elle se situe au dessus de la législation nationale dans la hiérarchie des normes, on a pas vraiment besoin de descendre plus bas, mais en pratique cette directive a bien été retranscrite en droit français (même si nos institutions ne sont vraiment pas pressées concernant les directives relatives à la protection des travailleur·es…).

Si j’ai pris le temps de faire ce détour législatif quelque peu rébarbatif, c’est pour asseoir clairement la puissance de l’outil juridique dont il est question : même à coup de 49-3, le gouvernement tout macroniste qu’il soit n’a pas la possibilité de revenir sur notre droit à la santé et à la sécurité au travail, et aucun patron ne pourra jamais se défaire de cette responsabilité. C’est une information importante à avoir en tête : à la fin, c’est grâce à ça qu’on gagne. On ne négocie pas un droit humain fondamental établi par des traités internationaux. Ce n’est pas pour rien que le patronat et les gouvernements à son service s’acharnent à vouloir inverser la hiérarchie des normes : plus les règles sont établies à petite échelle (à l’extrême limite, l’échelle individuelle, s’il n’y avait même plus de Code du travail), plus le rapport de force est favorable aux dominants[4].

Sécurité et santé au travail : des outils de lutte

La philosophie de la directive européenne de 89 est d’affirmer que c’est au travail de s’adapter à l’humain et non l’inverse, et donc que doivent être éliminés tous les risques du lieu de travail. Plutôt que d’en faire un vœux pieux, des outils sont donnés aux seul·es véritables spécialistes du travail, les travailleur·es elleux-mêmes, pour forcer les patrons à mettre en œuvre cette politique.

La meilleure défense, c’est l’attaque

Avec la directive de 89, on est plus dans la défense, on attaque le patron ! La directive lui donne plusieurs obligations :

  • l’obligation de recenser et d’éliminer tous les risques professionnels ;
  • l’obligation de moyens et de résultats sur la santé ;
  • l’obligation de former ses employé·es à leur poste et à ses risques professionnels (et de nouveau en cas de changement de poste).

En cas de non respect de cette directive, c’est la responsabilité civile et pénale du patron qui est engagée[5].

En pratique ces obligations correspondent à des choses concrètes. Pour l’élimination des risques par exemple, il y a l’obligation de maintenir le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels) et les plans de préventions des risques (nécessairement associés à un budget) devant mener à l’amélioration des conditions de travail.

La stratégie des patrons va consister à tout déconnecter, individualiser, psychologiser (le vocabulaire patronal préférera le terme de “risques psycho-sociaux” à celui, plus syndical, de “risques socio-organisationnels” mettant l’accent sur l’organisation du travail). Notre travail de syndicaliste consiste à démontrer les connexions objectives, notamment au moyens des outils à notre disposition qu’on va voir juste après.

Et c’est là qu’un rapport de force tout à fait concret peut se construire, parce que c’est pas l’entreprise qui sera responsable in fine, c’est le patron lui-même. Il fera donc tout pour éviter que ça n’aille trop loin, parce que si ça doit finir au pénal, où je rappelle que sa responsabilité personnelle est engagée, pour les raisons citées dans la section précédente, on gagne. À condition bien sûr d’avoir correctement établi la preuve du lien entre l’organisation du travail et l’impact sur la santé physique ou mentale. C’est notamment ça qu’on apprend à faire dans les formations syndicales à la démarche Travail-Santé (du moins dans celles que j’ai pu suivre auprès de la FERC). Une preuve supplémentaire s’il en est besoin de l’importance des formations syndicales (et donc, de se syndiquer !).

Des droits individuels

Ces droits s’appliquent à tou·tes travailleur·es présent·es sur le site d’une entreprise, pas seulement à ses employé·es. La directive de 89 parle bien de travailleur·es et non de salarié·es, et concerne donc même celleux qui n’interviendraient sur le site d’une entreprise que de manière ponctuelle (intérim, ESN, etc.). Ces droits sont :

  • le droit de signalement dans le registre SST (sécurité et santé au travail) ;
  • le droit de retrait d’une situation qu’on estime dangereuse (on retrouve ici l’idée que les travailleur·es sont les meilleur·es expert·es de leur propre travail).

Utiliser correctement ces outils s’apprend, et je vous renvoie de nouveau aux formations syndicales pour plus de détails et l’ensemble des possibilités. Je me contente ici de noter que le registre SST peut servir à laisser des traces objectives de ce qui ne va pas dans l’organisation du travail, des traces qui compteront si les démarchent doivent aller plus loin. Les signalements s’y font de manière individuelle, mais la démarche peut tout à fait être construite collectivement quand c’est nécessaire (et dans ce cas les signalements se multiplient, c’est pas un soucis). Le droit de retrait est lui aussi strictement individuel (si c’est collectif, ça devient du droit de grève, et ça ne fonctionne plus du tout pareil), mais peut également se préparer collectivement. Dans certaines situations un droit de retrait peut être transformé en droit d’alerte (voir ci-dessous).

Des droits collectifs

Quand le recours aux droits individuels n’est pas suffisant pour régler une situation, on passe à l’étape suivante : le recours au droit syndical des élu·es et mandaté·es dans les IRP (instances représentatives du personnel). Ces droits sont :

  • le droit d’alerte dans le registre DGI (danger grave et imminent) ;
  • les droits de visite, d’enquête, de diagnostic, et d’expertise des CSE/CSA (ex-CHSCT).

À nouveau, l’utilisation correctes de ces outils s’apprend. Les élu·es et mandaté·es dans les IRP ont d’ailleurs tou·tes droit à 5 jours de formations dont 3 par l’employeur, les 2 autres pouvant l’être par le syndicat (ce que je recommande). Déposer une alerte dans le registre DGI peut notamment se faire en cas de désaccord répété et persistent entre les travailleur·es et le patron, typiquement suite à une série de signalements SST non suivis d’effet. Quand on en arrive à l’alerte DGI, les démarches sont très cadrées, avec une obligation, conséquente pour le patron, en terme de résultats. Une enquête doit être menée par une commission paritaire, dont doit nécessairement faire partie le ou la syndicaliste qui a déposer l’alerte. Cette enquête doit aboutir à des préconisations à mettre en œuvre immédiatement pour lever le danger, et si les conclusions de l’enquête ne sont pas acceptées par les élu·es et mandaté·es du CSE/CSA, c’est au tour de l’inspection du travail de s’en mêler (et a priori, aucun patron n’a intérêt à en arriver là). L’enquête du CSE/CSA comme celle éventuelle de l’inspection du travail commencera toujours par la consultation du registre SST, d’où l’importance d’y laisser des traces des dysfonctionnements dans l’organisation du travail.

La démarche Travail-Santé

La démarche Travail-Santé de la CGT consiste, comme sa démarche travail, à partir du travail concret pour construire des revendications. Partir du travail concret signifie partir de la question de comment on travaille, et comment on pourrait travailler mieux[6]. Dans le cas de la démarche Travail-Santé, il s’agit d’utiliser les outils fournis par le cadre de la sécurité et de la santé au travail pour construire une traçabilité des effets de l’organisation du travail, qui est de la responsabilité du patron, sur la santé des travailleur·es. Cela se fait notamment en utilisant les registres cités ci-dessus, tout en ayant recours à la médecine du travail pour faire attester de certaines situations ou se protéger quand c’est nécessaire (typiquement en prenant un arrêt de travail avant qu’une situation ne dégénère[7]).

Ce serait une erreur de cantonner ces outils aux simples “carreaux cassés”, ou même aux risques d’atteintes purement physiques à la santé (situations périlleuses, manipulation de produits toxiques, etc.). La santé mentale est tout aussi concernée. Les situations de surcharge de travail, de burn-out, de perte de sens du travail, de harcèlement, etc. sont tout aussi concernées par le recours à ces méthodes.

Au département PIF de Paris 8 où je travaille, c’est cette démarche syndicale collective qui nous a, littéralement, sauvé·es. Au terme de plus d’un an de lutte, en plus de la réorganisation de nos structures collectives de travail (laboratoire et département) pour nous protéger de harceleurs, de la reprise en main du travail qui nous avait été volé (responsabilité de formation que nous avions montée de toutes pièces), de l’adaptation à nos moyens du travail attendu (réduction de l’effectif étudiant pour mieux correspondre à nos capacités réelles), nous avons également obtenus des ouvertures[8] de postes de titulaires : 3 en 2021, 2 en 2022, et encore 2 en 2023. Ces recrutements nous permettront de passer de 9 à 14 titulaires (il y a aussi eu deux départs pendant la période) dans l’équipe. En terme de victoire syndicale, ce n’est pas rien ! C’est donc en tant qu’acteur ayant expérimenté cette démarche de lutte collective aussi bien qu’en tant que témoins de son efficacité quand elle est menée à son terme que j’ai rédigé ce billet pour célébrer cette journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.

Syndiquez-vous ! Formez-vous !
Vive la lutte ! Vive la syndicale !

Post-scriptum : Concernant le harcèlement et les violences au travail, la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement, datant de 2019, est un formidable outil fonctionnant de façon similaire à la Convention 155, et dont il va très bientôt falloir se saisir pleinement[9], notamment concernant les luttes contre le sexisme et le patriarcat. J’en parlais déjà sur Twitter en 2020, en préparation du 25 novembre, journée mondiale contre les violences faites aux femmes, et j’espère réussir à en faire un article sur ce blog, un jour…

Notes

  1. ^ Si les termes de besogne quotidienne et d’avenir ne vous parle pas, c’est probablement que vous n’avez pas encore connaissance de la Chartes d’Amiens, que je vous engage alors à aller lire de ce pas (c’est très court !).
  2. ^ « Bien-être et liberté » était la devise présente sur un des plus vieux logo de la CGT.
  3. ^ Les conventions fondamentales de l’OIT sont toutes importantes, elles portent sur la liberté syndicale, le travail forcé, la discrimination, le travail des enfants, et la sécurité et la santé au travail.
  4. ^ D’où l’importance de se syndiquer, d’être dans un syndicat fédéré dans une structure défendant l’ensemble d’un secteur d’activité (conventions collectives, etc.), et que cette fédération soit elle-même confédérée dans une organisation capable de représenter et défendre l’ensemble des travailleur·es, la confédération, elle-même membre d’organisation internationale (comme la CES au niveau européen, et la CSI au niveau mondial).
  5. ^ « Cher M. Patron, voici comment notre syndicat va vous éviter d’aller en prison : en répondant favorablement à nos revendications concernant la sécurité et la santé au travail… », ça peut faire son effet.
  6. ^ Notez ici qu’il est question du travail et non de l’emploi, on parle donc du travail concret et non du travail prescrit, du vécu quotidien et de l’envie de chacun·e de bien faire son travail. Qu’est-ce qui vous manque pour bien travailler ?
  7. ^ En tant que syndicaliste, quand on accompagne des travailleur·es venu·es nous demander de les défendre, on se heurte bien souvent à un refus de prendre un arrêt de travail, qui serait vécu comme un échec personnel ou un aveu de faiblesse… Il est alors de notre devoir de convaincre, quand c’est le cas bien sûr, qu’un arrêt de travail est non seulement une nécessité pour se protéger mais n’est en rien un échec : il s’agit d’un jalon de plus pour tracer et prouver les dysfonctionnements de l’organisation du travail, à travers un effet concret sur la santé d’un·e travailleur·e.
  8. ^ Ouvertures par dégels et par transformations, sans créations, mais c’est déjà une victoire énorme dans l’ESR dans l’état dans lequel il est…
  9. ^ La France vient tout juste de ratifier cette convention il y a quelques jours, le 12 avril. Réaction de la CGT à cette victoire en demi-teinte : Convention 190 de l’OIT : Après la ratification, restons mobilisé·es pour combattre réellement les violences et le harcèlement dans le monde du travail !

Présentation de la Licence informatique de Paris 8

Interview en vidéo, par Thotis, de ma collègue Alice Millour et moi-même pour présenter la Licence informatique & vidéoludisme de l’Université Paris 8 :

La Licence informatique (Université Paris 8) - Alice Millour et Pablo Rauzy, maîtresse et maître de conférence en informatique à l'Université Paris 8 Saint-Denis, ont présenté la licence informatique.

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